Jean-Benoît Zimmermann

VÉLO, c'est une démarche photographique initiée au début des années 1980 à l'occasion d'un reportage sur Amsterdam, puis continuée en Chine, en France et à travers le monde. Dès les premières photos et tout au long de ce parcours, le parti pris est de considérer les vélos en eux-mêmes, comme des sujets graphiques et expressifs d'une réalité culturelle, économique et sociale, spécifique au contexte dans lequel ils sont saisis.

Ce travail a donné lieu à plusieurs expositions en noir et blanc, au cours des années 1980 et 1990. Depuis d'autres images, noir et blanc et couleur, sont venues compléter cette balade à travers le monde.

D'autres expos s'en sont également suivi, ainsi qu'un livre publié en 2018.

Mais aujourd'hui, le vélo conquiert à nouveau le dessus du pavé et le sujet ne cesse de s'enrichir...

Chacune de ces photos raconte sa propre histoire au gré de l'imagination de qui la regarde.
Dans le diaporama ci-dessous, je vous en livre quelques unes, selon mon inspiration propre, écrites à la demande d'étudiants de Science Po - Paris lorsqu'ils m'ont sollicité pour y exposer mes vélos.

Paris, Juillet 1985
Sans domicile fixe (Paris, Octobre 2017). Celui là portait sur son dos tout le poids de sa maigre existence. Rejeté de partout, sans aucun abri pour l'accueillir durablement, il devait le plus souvent quitter les lieux où il avait trouvé refuge dès que les habitants le découvraient. Alors reprenait son périple sans fin, sans autre lendemain que l'éternel recommencement d'un objet récolté au fil de ses pérégrinations, dérisoire mais précieux, qui alourdissait de plus en plus son fardeau.
Le vélo fleuriste (Le Caire, Février 1987). J'en ai vu des vélos porteurs de par le monde ! Un porteur de bidons à Jaipur en Inde, un vendeur de poulets à Buenos-Aires, un vélo-marchand de bois en Savoie, un vélo-livreur à Amsterdam, un vélo-vitrier à Marseille, un vélo-marchand de glace sur une plage en Côte d'Ivoire,... jusqu'à celui d'un sans-logis qui portait sur son dos toute une vie. Tous ancêtres de ces vélos-cargos qui ont pris place dans le nouveau paysage urbain. Mais le plus poétique d'entre eux est sans nul doute ce joli vélo-fleuriste croisé dans une rue du Caire.
Marseille, Septembre 2010
Tango (Fort-Mahon-Plage, Octobre 1982). Seuls, à l'écart des dunes, dans l'immensité d'une plage déserte à marée basse, deux vélos se rencontrent. La convergence de leurs trajectoires, dans cet espace totalement ouvert, laisse entendre que leur confluence et leur contact ne sont pas fortuits. Tête-à-tête loin de l'agitation et des regards inquisiteurs. Un rendez-vous amoureux ou, qui sait, juste des retrouvailles chaleureuses avant d'amorcer un pas de tango...
Galway, Irlande, Août 2007
Roues libres (Amsterdam, Mai 1981). Tout est parti d'Amsterdam, au début des années 1980. Une ville déjà conquise par les vélos, même si les relations que ceux-ci entretiennent avec les autres modes de transport sont parfois conflictuels, surtout pour ce qui concerne les voitures et les camions. Ici les vélos défendent un territoire qui leur est naturellement acquis : absence de dénivelé, rues étroites où ils peuvent s'arrêter sans gêner le passage, quais au bord des canaux où ils se plaisent à folâtrer en amoureux, ponts arqués sur lesquels ils s'élancent pour traverser les cours d'eau. Mais quand des actes hostiles visent l'un d'entre eux, ils sont prêts à réagir groupés, unis pour défendre leur droit à vivre en roues libres...
Suicide (Amsterdam, Mai 1981).
* Rapt à l'italienne est une comédie franco-italienne de Dino Risi sortie en 1973.
Delhi, Inde, Novembre 1983
Jaipur, Inde, Novembre 1983
La Conseil d'Administration des vélos (Shanghai, Chine, Avril 1982).
New York, Décembre 1987